Interview : Ryōsuke Tanaka

Le rôle des réalisateurs d’épisodes peut sembler ambiguë, mais Ryōsuke Tanaka (One Piece #0926, #0953, #0972, #1006, #1019) a eu la gentillesse d’accepter mon interview. Nous parlerons notamment de son expérience chez Toei Animation, mais aussi de l’implication de ce rôle sur le rendu final des épisodes en tant que réalisateur.

• Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Enchanté, je m’appelle Ryōsuke Tanaka. Je travaille en tant que réalisateur et assistant réalisateur pour One Piece. Mes animateurs préférés sont Tetsuya Takeuchi, Takahiro Kishida, Katsuhiko Kitada…

• Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé chez Toei à ce poste ?

L’événement déclencheur date de quand j’étais au lycée. En regardant FLCL, je suis tombé amoureux de l’animation, et cela m’a donné envie de faire de la réalisation. Après ça, je me rappelle avoir regardé des openings et des épisodes de NARUTO sur lesquels Toshiyuki Tsuru a travaillé.

J’ai été tellement impressionné par la conception harmonieuse entre les dessins et la mise en scène que j’ai voulu me lancer dans la réalisation. J’ai commencé en tant qu’assistant réalisateur simplement car j’ai pensé que ce serait le meilleur chemin afin de devenir réalisateur.

• Lorsque vous réalisez un épisode, quel est votre rôle et votre influence dessus ? Que pouvez-vous faire et ne pas faire ?

Je pense que la réalisation est un poste où la façon de travailler de chacun peut vraiment faire une grande différence. Fondamentalement, le réalisateur est chargé de s’assurer de l’adaptation du storyboard afin d’obtenir un résultat cohérent. Je travaille donc avec chaque section pour m’assurer qu’il n’y ait pas de conflit de compréhension, et tout faire pour que le résultat final soit impeccable.

Cependant, j’aime personnellement me focaliser sur l’éclairage et l’animation. Je change donc beaucoup le timing des mouvements et je dessine aussi des « imageboards » basiques. (Note : croquis en couleur afin de donner un aperçu du résultat final qui doit être atteint par l’équipe de photographie)

Après avoir réuni les imageboards que j’ai réalisés ainsi que des références en live-action, je les donne aux personnes responsables de la photographie et des arrière-plans, puis je les laisse s’occuper du reste.

• Quelles sont vos inspirations dans la réalisation/le storyboard ?

Je n’ai pas beaucoup d’expérience dans la réalisation, alors j’essaye d’expérimenter diverses choses. Par conséquent, j’utilise un large éventail de films en tant que référence pour m’exprimer. Bien sûr, je garde un œil sur les anime qui sortent en ce moment, mais je me réfère aussi à des tableaux, drames historiques ou documentaires.

Mais je pense que la meilleure référence est l’expérience propre de chacun. Pour l’épisode 972, j’étais en fait en charge du storyboard de la première moitié de la partie B, et le réalisateur, Aya Komaki, y a apporté quelques corrections.

J’ai un peu modifié la mise en scène par rapport au scénario, parce que j’ai pensé que Toki aurait envie de serrer ses enfants dans ses bras pendant qu’elle souffrait. C’était également basé sur mes souvenirs d’enfant. Cela peut être controversé, mais je pense que la meilleure façon de s’exprimer est d’utiliser ses propres expériences.

• Quel est l’épisode auquel vous avez préféré participer ? (En tant que réalisateur ou assistant réalisateur)

Il y en a beaucoup, mais si je devais n’en retenir qu’un seul, ce serait l’épisode 914 où j’ai participé en tant qu’assistant réalisateur. J’ai toujours adoré l’animation, alors j’ai toujours eu très envie de faire des épisodes festifs ou plein d’action. L’épisode 914 était la première fois dans ma carrière sur One Piece où j’ai pu participer à un tel épisode, il m’a donc laissé une forte impression.

• Lorsque vous storyboardez un épisode, quelle est votre approche par rapport au support original ?

J’essaye de présenter le drame que le scénario tente d’exprimer d’une manière plus efficace. Je fais des allers-retours entre les épisodes pour créer plus de tension, et j’essaye d’éviter de montrer trop d’interactions inutiles afin d’exprimer davantage le drame du personnage principal. Je pense que c’est un peu comme assembler les pièces d’un puzzle afin de rendre plus efficaces les informations des pièces du support original. Par conséquent, ce n’est pas vraiment une approche très créative.

• Quel a été le choix le plus compliqué que vous avez dû faire ?

Il y en a tellement, c’est dur d’en choisir un… (rires).

La production d’anime est une course contre la montre où vous devez décider de la quantité de travail que vous souhaitez réaliser et par où commencer.

Je me demande régulièrement si je dois confier le travail à d’autres sections. Dans le staff de One Piece, il y a beaucoup de personnes qui ont beaucoup plus d’expérience et de capacités que moi, alors je pourrais probablement m’en sortir en leur jetant tout le travail, mais je me sentirais mal en agissant de la sorte. Il est souvent difficile de juger si je dois dessiner tous les mouvements pour donner plus d’indications, ou si je dois juste me contenter de mots.

• L’épisode 972 était un épisode très attendu par les fans, qu’est-ce que cela fait de réaliser un tel épisode ?

Dans cet épisode, j’agissais un peu comme un guerrier de l’ombre. C’est-à-dire que j’ai essayé de travailler en coulisse avec chaque section pour qu’elle puisse se concentrer sur ce qu’elle voulait faire. Par conséquent, je n’ai pas grand chose à dire sur ma propre réalisation. Malgré tout, j’ai beaucoup appris des merveilleux storyboards d’Aya Komaki, des dessins d’animateurs talentueux dont ceux de Yong-Ce Tu, superviseur de l’animation de l’épisode, ainsi que de la photographie, des magnifiques couleurs et arrière-plans, et des superbes musiques et sons qui dépassaient de loin toutes mes exigences.

• Un dernier message pour les fans de One Piece ?

En toute honnêteté, adapter la bataille d’Onigashima n’est pas une mince affaire, mais nous essaierons de garder la puissance de l’histoire originale.

Merci pour votre soutien !