Review : Openings de printemps 2025

Écrit par LKR, Ruga, Clément | Publié le 3 mai 2025
Review : Openings de printemps 2025

Witch Watch

Rédaction : LKR

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Il n’est pas nouveau de voir apparaître Megumi Ishitani à la réalisation et au storyboard d’un opening. Ce qui l’est moins, c’est de la voir autre part que chez Toei Animation. Même si Witch Watch est prépublié dans le Weekly Shōnen Jump, il est toujours agréable de voir cette réalisatrice exercer son art sur d’autres toiles que ONE PIECE.

Megumi Ishitani ne cesse de gagner en popularité ces dernières années. Après avoir enchaîné grand nombre d’épisodes mémorables sur ONE PIECE (957, 982, 1015, etc). Elle s’est également illustrée avec la réalisation du clip Kaze no Yukue et du spin-off ONE PIECE FAN LETTER. Il va sans dire que chacune de ses apparitions fait trembler la communauté.

À cette même période, et avant la pause de la série ONE PIECE, elle avait été chargée du storyboard et de la réalisation de l’opening 25 & 26. Deux openings riches en idées de mise en scène et en références, notamment à l’œuvre originale d’Eiichirō Oda.

Witch Watch est la 3ème œuvre adaptée de l’auteur Kenta Shinohara, et cette fois-ci, c’est Hiroshi Ikehata qui réalise la série.

Une question qu’on peut légitimement se poser est : comment Megumi Ishitani s’est-elle retrouvée à réaliser cet opening chez Bibury ? La réponse tient en grande partie à une seule personne : le producteur Takashi Nakame. Nakame est une figure bien connue, notamment pour son travail sur des films d’animation, notamment ceux de Mamoru Hosoda. Plus récemment, il a été aperçu dans l’équipe de Frieren en tant que producteur de l’animation (animation producer) freelance, épaulant Yūichirō Fukushi (un producteur qui doit d’ailleurs bon nombre de ses connexions à Hiroshi Ikehata).

Nakame nous dit sur Twitter qu’il a été invité par Hidehisa Taniguchi, le producteur de l’animation de Witch Watch avec qui Nakame avait déjà collaboré lorsqu’il l’avait soutenu à l’époque où il était encore au studio Chizu. Il dira par la suite que c’est en voyant le clip de Kaze no Yukue et ONE PIECE FAN LETTER que Nakame a voulu travailler avec Megumi Ishitani, et c’est ainsi qu’il lui a alors proposé.

L’opening s’ouvre sur un superbe cut animé par l’animatrice Odashi, où l’on découvre plusieurs petites interactions entre les personnages, subtilement intégrées dans la lettre “H” de Witch Watch.

Dès les premières secondes, on ressent toute la vivacité et l’énergie que va dégager cet opening. L’ouverture est constamment en mouvement : les personnages débordent de joie de vivre, et chaque nouveau cut met en scène une petite saynète montrant un trait de caractère qui définit nos personnages avec justesse. Megumi Ishitani continue de nous impressionner avec un storyboard dynamique, rythmé par des match cuts toujours aussi efficaces, une signature que l’on retrouve déjà dans ses précédents travaux notamment sur l’opening 26.

Sa direction artistique s’exprime pleinement dans l’ambiance générale de l’opening, sublimé par les décors de Hiroshi Ōno, le tout combiné par la palette de couleurs douce et vibrante de Ami Kutsuna (épaulée par Yūsaku Harada & Yukie Noguchi). Cela donne un équilibre harmonieux entre mise en scène, atmosphère et identité propre.

Mosaïque d'images de l'opening

Vous n’êtes pas sans savoir qu’Ishitani a pour habitude d’être accompagnée sur ses projets par le très grand Keisuke Mori, surnommé Soty. Que ce soit pour de l’animation ou bien (et surtout) pour de la supervision d’animation. Cette fois-ci, Soty n’est pas là, et c’est un autre très grand designer et animateur qui prend le relais : Masayuki Nonaka. Sa capacité à insuffler une douceur et à rendre absolument tout ce qu’il touche mignon fait de cet opening une alchimie parfaite qui s’accorde avec Ishitani. Les personnages ont été légèrement retravaillés pour l’occasion, ce qui leur donne une nouvelle dimension et nous donne très facilement l’envie de se plonger dans l’histoire et la vie quotidienne de nos protagonistes.

Vie quotidienne des personnages

Ishitani est une réalisatrice minutieuse, comme en témoigne le nombre impressionnant de tenues conçues pour l’opening (le personnage principal Morihito “Moï” étant un grand fan de mode). Sa minutie se reflète aussi dans sa manière d’intégrer les crédits de la série. Un détail que beaucoup n’auront peut-être même pas remarqué : Dans les différents plans, certains crédits sont subtilement incrustés dans le décor, que ce soit sur l’écran du métro, l’écran de la tablette graphique de Kukumi Ureshino ou encore sur le passage piéton.

4 images avec l'intégration des crédits dans l'opening
Intégration des crédits dans l'opening

On peut aussi noter aussi une petite référence cachée à une autre œuvre de Kenta Shinohara : SKET DANCE.

Avant de conclure, j’aimerais également évoquer la V2 de l’opening apparue dans l’épisode 3. À travers un tour de magie raté de la part de notre protagoniste Nico, l’opening se transforme en une version inachevée. On y découvre alors des séquences mélangeant différentes étapes de production, alternant entre sa version genga, layout et storyboard. Cette initiative peu commune rend d’autant plus agréable de découvrir et décortiquer l’opening, que ce soit pour les fans d’animation ou pour ceux des précédentes œuvres de Kenta Shinohara.

Pour l’occasion, le staff s’est même amusé à glisser quelques clins d’œil à SKET DANCE, notamment dans les crédits de l’animation clé, où l’on aperçoit Roman Saotome, une apprentie mangaka dans l’univers de SKET DANCE dont un message et ses dessins au style très reconnaissable apparaissent désormais.

Pour conclure, l’opening de Witch Watch est le fruit d’une admiration mutuelle entre plusieurs créateurs du milieu. Il incarne cette magie propre à l’animation japonaise. Voir Megumi Ishitani s’exprimer en dehors de la Toei et de l’univers de ONE PIECE est déjà un événement en soi, mais c’est surtout sa capacité à toujours faire quelque chose d’extraordinaire et de rassembler autour d’elle des artistes toujours tous plus incroyables les uns que les autres qui donne à cet opening sa saveur unique.

Anne Shirley

Rédaction : LKR

Anne Shirley

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Vous n’êtes pas sans savoir que la série Anne Shirley est un remake de l’adaptation de 1979, réalisée par le regretté Isao Takahata, l’une des figures fondatrices du studio Ghibli. Cet Héritage donne au projet un poids symbolique fort, puisqu’il s’inscrit dans la continuité d’un classique de l’animation japonaise. De par cet aspect, il est inévitable pour l’œuvre de subir des comparaisons constantes sur les réseaux sociaux.

Ici, nous allons nous concentrer uniquement sur l’opening de ce nouveau remake, réalisé et storyboardé par l’une des plus grandes réalisatrices de ce siècle ; Naoko Yamada.

Au sein du studio Kyoto Animation, Yamada n’a expérimenté qu’une seule fois la réalisation et le storyboard d’un opening, c’était en 2013 sur Tamako Market.

Plus tard, après son départ du studio, elle participe à 2 autres openings. Le premier est le célèbre opening 2 de Kaguya-sama: Love is War, puis celui de Visual Prison, tous deux signés sous le pseudonyme “Ryū Andō” (安堂 隆).

Comparaison des openings de Kaguya-sama et K-ON!

Mais entre ces deux séries, le 16 septembre 2021 sortait Heike Monogatari, une série que Naoko Yamada réalise, en plus d’y faire l’opening. Cette œuvre devait initialement être réalisée par Isao Takahata. Cependant, en raison de conflits d’intérêts avec son bras droit de toujours, Osamu Tanabe, le projet fut mis de côté.

Il est drôle de constater que Naoko Yamada et Isao Takahata semblent liés entre leurs projets, on pourrait y voir un certain hommage de sa part ? Peut-être… Mais pas tout à fait.

Le réalisateur de ce nouveau remake de Anne Shirley n’est d’autre que Hiroshi Kawamata. Un nom qui ne vous dit peut-être rien, et vous citer l’épisode 7 de Modern Love Tokyo n’y aiderait probablement pas beaucoup. En réalité, c’est plutôt normal, car c’est un projet qui est passé sous les radars.

Il faut savoir que cette série live action a eu le droit à un épisode spécial en animation 2D réalisé et storyboardé par Naoko Yamada. Cet épisode à été produit par The Answer Studio, le même studio que le remake de Anne Shirley. Et les character designs originaux de la série ont été réalisés par notre cher réalisateur ; Hiroshi Kawamata. Il n’est donc pas si surprenant de retrouver Naoko Yamada à la réalisation et au storyboard de l’opening (et aussi l’ending) de la série !

Maintenant que l’on a parlé du fond, il faudrait peut-être parler de la forme et voir à quoi ressemble cet opening de Naoko Yamada. Comme à son habitude, et ce depuis quelque temps maintenant, la réalisatrice s’accompagne souvent de Takashi Kojima.

Kojima est un animateur et character designer reconnu pour la finesse de son trait, la délicatesse de ses animations et la précision de son travail. C’est justement cette sensibilité qui rend sa collaboration avec Naoko Yamada si harmonieuse. En combinant la subtilité des mouvements animés par Kojima avec l’approche profondément corporelle et émotionnelle de Yamada, ils forment un duo d’une rare délicatesse.

L’opening commence par un plan plutôt familier pour les fans de Naoko Yamada (ou de Tarantino), c’est-à-dire, les jambes/pieds, elle continue par ailleurs de conserver cette sensibilité dans ses approches, telles que les mains sur le visage, ou encore avec les fleurs, un symbole très fort et communicatif que Yamada affectionne particulièrement en l’utilisant dans quasiment toutes ses œuvres.

Captures d'écran de fleurs et de plans familiers pour Naoko Yamada
Signes distinctifs de Yamada

Ce côté très enfantin du personnage en sautant dans ses draps nous fait penser à l’oiseau bleu dans le film Liz et l’Oiseau bleu. On peut aussi citer cette façon de sautiller et de danser nous fait penser à Totsuko dans Kimi no Iro.

Comparaison entre Kimi no Iro et Anne Shirley

À travers cet opening, Naoko Yamada continue de démontrer sa capacité à sublimer les gestes les plus simples. Entourée de son plus fidèle allié Takashi Kojima qui vient superviser à lui seul l’animation. Elle continue de cultiver un langage visuel singulier et de symboles délicats. Chaque mouvement, chaque fleur, chaque cadrage évoque une émotion subtile et souvent en lien direct avec ses œuvres précédentes.

SHOSHIMIN

Rédaction : LKR

SHOSHIMIN

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La série SHOSHIMIN fait son retour après une pause d’une saison et nous dévoile un nouvel opening.

L’opening de la première saison, réalisé par Keisuke Hiroe, se démarquait par une direction artistique propre. Son storyboard soulignait avec justesse la proximité entre nos deux protagonistes, tout en s’appuyant sur une palette de couleurs comme le bleu, évoquant des symboles tels que l’apaisement, la stabilité ou encore la vérité.

C'est bleu
C'est bleu

Pour ce deuxième opening, c’est le très talentueux Kyōhei Ishiguro, connu principalement pour sa réalisation sur Your Lie in April. Ishiguro est un réalisateur inventif, porté par des idées audacieuses et animé par une inspiration constante, ce qui se ressent dans cet opening qui est sans aucun doute l’un de ses meilleurs travaux.

Cet opening est un véritable concentré d’art visuel, où chaque plan semble pensé comme un tableau à part entière. Le storyboard d’Ishiguro jongle habilement entre les styles, les transitions et les idées visuelles fortes, sans jamais perdre le fil narratif. C’est un travail à la fois structuré et libre, porté par une vraie volonté d’expérimentation visuelle. Contrairement à l’opening 1, celui-ci montre une certaine distance entre nos protagonistes, traduisant visuellement des tensions ou des désirs à travers des concepts visuels, comme notamment le passage des deux bras qui cherchent à se rejoindre, mais se trouvent séparés par un effet négatif de l’image, accentuant la notion de rupture ou d’impossibilité. Ce traitement singulier s’inscrit dans une logique de composition cohérente, où chaque élément graphique renforce une thématique.

On retrouve ici une démarche proche de ce qu’il avait déjà pu faire pour l’opening 2 des Carnets de l’Apothicaire, qu’il avait également storyboardé et réalisé l’année passée. La mise en scène de cet opening pouvait nous faire penser à l’idée de capturer les dernières secondes d’un souvenir ou d’une émotion. Un concept que l’on peut trouver ici, transposé à travers le prisme artistique en capturant les personnages eux-mêmes comme des œuvres, révélant leur pensée intérieure.

Extrait de l'opening 2 des Carnets de l'Apothicaire

D’autres concepts peuvent rappeler le travail du réalisateur Tatsuya Oishi, qui utilise parfois des éléments réels ou abstraits pour illustrer sa réalisation. On peut aussi évoquer des personnalités comme Masashi Ishihama, maître des openings, avec qui Ishiguro a déjà collaboré, et dont on pourrait percevoir une influence dans certains plans.

4 captures d'écran de l'opening faisant penser à Masashi Ishihama
Influence de Masashi Ishihama sur certains plans de l'opening

Par ailleurs, l’opening n’hésite pas à glisser des clins d’œil comme avec le groupe Yorushika, interprétant l’opening, notamment à travers l’apparition de leur logo dans l’œil d’Osanai dès les premières secondes ou encore des concepts comme le célèbre Wave Pendulum.

Ce nouvel opening de SHOSHIMIN confirme tout le talent de Kyōhei Ishiguro, capable de mêler narration et expérimentation visuelle. Par son approche, ses références subtiles et sa maîtrise au niveau de la composition, il nous offre un opening riche en symboles, qui prolonge les thématiques de la série. Bien que la série ne soit pas des plus populaires, son travail pour cet opening mérite d’être souligné et salué comme l’une des plus belles propositions artistiques et visuelles de la saison.

YAIBA: Samurai Legend

Rédaction : Ruga

YAIBA: Samurai Legend

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Ce n’est pas la première fois qu’Ikuo Geso s’occupe de storyboarder et réaliser un opening. L’animateur webgen avait déjà débuté l’année dernière en réalisant et en storyboardant l’opening de Blue Archive (dans lequel il occupe aussi les postes d’animation clé, supervision en chef de celle-ci, supervision des couleurs et de calibration de ces dernières). Son storyboard se démarque par son caractère extrêmement dynamique, un nombre de cuts assez important, à durée très courte et qui s’enchaînent très vite sans transition particulière entre certains plans, également soutenus par le rythme de la chanson par moments.

L’opening de YAIBA n’échappe pas à cette caractéristique de Geso : On y retrouve le rythme rapide, certains cuts à très courte durée qui se succèdent promptement. Toutefois, malgré ses nombreuses séquences d’action où une certaine quantité d’évènements s’y déroule, le storyboard demeure compréhensible.

La production de Yaiba est assez unique en raison de sa vision et inspiration Kanada sur l’ensemble de la série. Cette inspiration est notamment portée par des membres du main staff, comme Yoshimichi Kameda en charge des designs et superviseur en chef de l’animation, ou comme Takeshi Maenami, animateur principal sur la production, dont les timings, les poses clés, les effets ou les lignes ont un ressenti très Kanada.

DESCRIPTION VISUELLE
Design de Yaiba par Yoshimichi Kameda. On voit notamment sur les cheveux les ombrages fortement inspirés de Kanada.

Cette inspiration est retrouvée dans l’opening. On y décèle de plus longs cuts, dans lesquels se passent différentes choses avec du background animation, des effets Kanada mis en avant dans l’action ou dans les transitions entre cuts.

Cela rend par conséquent le storyboard de l’opening très intéressant. Le suivi du mouvement des personnages ou des effets découle de telle sorte à ce que chaque transition entre les cuts maintienne l’attention du spectateur et permette de saisir l’information sans perdre le fil de l’action, alors que se succèdent plusieurs scènes à l’écran.

Sur la séquence de Yuki Satō, l’action se termine avec Yaiba qui surgit du combat. Sur l’écran, on le voit dans la partie gauche de l’écran, vers le haut. Le plan suivant, animé par Hiroshi Shinomoto, commence avec Yaiba sur la même partie de l’écran.

Animation : Yuki Satō

Un autre intérêt de ce storyboard est la continuité qu’il présente. Il associe une “histoire” avec un début (bien que cela ne débute pas avec les premiers cuts) et une conclusion qui culmine avec la fin de l’opening, tout en étant logiquement liée au contenu de l’œuvre. On voit les personnages présentés au fil de l’opening sans que leur apparition n’interrompt le déroulement des séquences, apparaissant sur le chemin du protagoniste. En quelques frames, on distingue leur caractère, faisant une présentation cohérente, rapide et efficace. Yaiba rencontre Sayaka, puis aperçoit à vol d’oiseau les différents personnages apparaissant dans la série avant de s’arrêter sur Onimaru qui le vainc une première fois. Après avoir récupéré l’épée et passé les différents obstacles qui lui font face, il se retrouve nez à nez avec Onimaru pour une seconde confrontation qui conclut l’opening.

Pour maintenir cette vision dans la production, Kameda a supervisé l’animation de l’opening. Ses corrections, fortement appréciées par Geso, améliorent les expressions faciales et maintiennent le côté Kanada-school. Des animateurs inspirés par Kanada étaient également présents (Toshiyuki Satō, Takeshi Maenami), certains n’ayant pas nécessairement travaillé avec WIT auparavant (Yooto, Kōsuke Katō, Aito Ōhashi, Hiroshi Shinomoto).

On notera aussi la présence d’invités, comme Yūki Hayashi, possiblement invité par Kameda suite à sa participation au film My Hero Academia: You’re Next. Son animation se caractérise ici par une façon particulière de dessiner les personnages et créatures. Ses visages expressifs, simplifiés et des formes flexibles appuient l’aspect comique et les émotions des personnages. Ses poses clés sont impactantes, énergiques et les proportions sont exagérées pour accentuer l’effet du mouvement. Sa séquence s’intègre très bien à l’opening par son côté expressif, bien que différent de l’aspect Kanada.

Animation : Yūki Hayashi | Sakugabooru

L’opening présente aussi des scènes pouvant faire penser à des hommages plus explicites à Kanada. Le travail de Yooto pourrait faire penser à une séquence de Yoshinori Kanada dans l’opening de Gaiking.

L’une des séquences de l’opening, animée par Shōtarō Tamemizu, fait également penser à une séquence de Kameda que l’on pouvait voir sur Fullmetal Alchemist: Brotherhood. La séquence se caractérise par l’utilisation de la technique “sumi-e” (墨絵), résultant en un line-art très distinctif, notamment dû à ses lignes épaisses qui semblent être dessinées à l’encre. Cette technique rend l’animation de la séquence beaucoup plus forte, donnant ainsi un caractère très horrifique et terrifiant à la transformation comme au personnage, faisant comprendre par l’image le pouvoir acquis par Onimaru.

Séquence de l'opening 5 de Fullmetal Alchemist: Brotherhood | Animation : Yoshimichi Kameda | Sakugabooru

Les deux gros plans sur Onimaru et Yaiba se faisant face par Toshiyuki Satō semblent cette fois-ci être une référence à la façon dont Gōshō Aoyama, auteur de Yaiba, dessine certaines de ses pages colorées ainsi que des visuels clé qu’il réalise pour Detective Conan ou le premier visuel clé pour YAIBA.

Comparaison entre le visuel clé dessiné par Gōshō Aoyama pour YAIBA et les plans de Toshiyuki Satō
Comparaison entre Toshiyuki Satō et les visuels clés de Gōshō Aoyama

My Hero Academia: Vigilantes

Rédaction : Ruga

My Hero Academia: Vigilantes

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L’opening de My Hero Academia: Vigilantes est assez particulier dans sa généralité du fait de ses visuels, mais aussi car deux personnes sont à la charge du storyboard, chacun ayant des habitudes différentes. C’est Nobutaka Yoda qui débute présumément le storyboard de l’opening.

Yoda est un artiste particulier dans cette industrie en raison de ses différents rôles. Si on le voit effectivement à la charge de storyboard ici, il effectue en majorité du montage de bandes-annonces. Parfois seul ou avec d’autres collègues de 10GAUGE, studio auquel il est affilié, il exerce cette tâche depuis plus de dix ans. Il occupe également d’autres postes potentiellement liés au montage/compositing, comme les Motion Graphics. Il travailla également sur des clips vidéo, notamment pour le chanteur Eve, où il réalisa plusieurs fois.

Séquence de We're Still Underground | Réalisation/Storyboard : Nobutaka Yoda | Sakugabooru

De ce fait, Yoda va porter une attention particulière à l’aspect visuel de ses créations, travaillant principalement sur le compositing, l’ambiance colorée. On peut le voir repasser sur le compositing dans certaines bandes-annonces, travailler l’étalonnage, en plus de montages pour lesquels il est acclamé.

Yoda travaille aussi sur des openings et endings, où le travail de postproduction est tout particulièrement remarquable : avec beaucoup plus d’attention portée au compositing, des séquences très colorées, il applique son savoir-faire à la réalisation de bandes-annonces. On constate parfois de la réutilisation ou des combinaisons de plans de l’anime dont il fait l’opening/ending qui sont retravaillés au compositing.

Réutilisation de plans de Bungou Stray Dogs
Réutilisation de plans de Bungou Stray Dogs par Yoda

La présence de Yoda n’est pas anodine sur Vigilantes. Déjà régulièrement présent pour faire les bandes-annonces des séries du studio bones, il a travaillé plus directement avec l’équipe du studio B sur l’opening de Mob Psycho 100 III, qu’il a storyboardé. On remarque de suite ce qui était mentionné plus haut : une première partie axée sur l’exposition, où chaque plan possède sa propre identité visuelle, puis le refrain avec certains plans repris des saisons précédentes. On y voit aussi un jeu visuel avec les crédits et les paroles de la chanson.

De ce fait, l’opening de Vigilantes débute directement avec un plan très coloré, tout en gardant le cadre nocturne dans lequel opèrent souvent les protagonistes. Les lumières de projecteurs sont utilisées pour mettre en avant le trio des héros de l’ombre et permettent la transition vers le titre. Cette ambiance colorée est cohérente avec leur statut de héros illégaux, de ce fait beaucoup moins strict et plus “libre” que le cadre du héros professionnel. Ce cadre est aussi en adéquation avec l’ambiance instaurée par chanson de Kocchi no Kento.

Centrée sur des héros, cette première partie se penche sur une direction très référencée comics. On voit des plans repris de la série placés sur des vignettes de bande dessinée, où les couleurs sont retravaillées pour correspondre à l’ambiance de l’opening. On remarque aussi l’ajout de ce filtre qui apporte du grain/texture que l’on voit beaucoup dans les comics. Ce simple travail d’harmonisation sur cette courte phase d’exposition rend le visuel tout à fait pertinent, sans perdre l’attention du spectateur.

Aspect comics avec du grain et des textures sur l'opening

Ayana Nishino anime les deux plans sur la danse de Pop Step. L’animatrice est d’ailleurs régulièrement présente lorsqu’il s’agit de dessiner les séquences de danse du personnage sur la série. Si ces séquences reposent sur des mouvements plutôt réalistes, les deux cuts ici se distinguent par un character acting très vivant soutenu par quelques poses clés très expressives et l’attrait du timing, résultant en un côté comique. Ce ton est suppléé par les couleurs des différentes Pop Step mais aussi des onomatopées. Bien qu’utilisées dans la série elles apportent un supplément au caractère comique des cuts en plus des couleurs, des lignes épaisses et des dessins simplifiés de Nishino.

L’ensemble de ces plans constitue le point fort du storyboard de Yoda : des plans non nécessairement reliés entre eux, mais qui brillent pour chacun par leur unicité visuelle, ainsi que leur cohérence avec l’univers de la série.

Le refrain marque la présumée prise de relais du réalisateur Kenichi Suzuki au storyboard, où l’on se retrouve dans un cadre similaire à celui de la série visuellement. Les protagonistes circulent la nuit un à un, faisant démonstration de leurs pouvoirs. On peut y apercevoir plus particulièrement les corrections du character designer Takahiko Yoshida sur des gros plans.

La seconde partie du refrain consiste en une succession de cuts rapides, montrant le reste du casting dans des cadres liés à leur apparitions alors que le rythme de la chanson accélère. C’est l’une des qualités du storyboard de Suzuki sur cet opening que de dépeindre cette succession de plans d’une façon dynamique et intéressante du fait des plans composés de manière différente et attrayante.

Succession de plans différents dans le refrain de l'opening

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on voit ce type de séquences sur des openings de Suzuki. Si vous êtes familier avec la série originale, le nom paraît familier, car Suzuki avait déjà réalisé un opening pour la saison 6 de My Hero Academia. Sa présence n’était pas sans lien, puisque deux ans plus tard, il sera annoncé en tant que réalisateur de Vigilantes. Son opening sur le spin-off semble alors très similaire à son précédent travail. Bien qu’il l’ait entièrement storyboardé et réalisé seul, on y retrouve la direction inspirée des comics en première partie, la présence d’onomatopées régulières, les vignettes de bande dessinée, le compositing particulier et le lineart épais. Mais aussi le même type de séquence à la fin de l’opening, passant en revue en synchronisation avec la chanson les évènements de la saison à venir.

Le plan qui suit reprend l’idée des premiers cuts en affichant les protagonistes au crépuscule. Les panneaux derrière eux apparaissant en synchronisation avec la chanson. Leurs agissements pouvant être considérés comme illégaux, ces panneaux lumineux montrent qu’ils sont bien des héros. Cela rappelle les storyboards de Yoda liant le visuel aux paroles de la musique. On retrouve avec le ciel en décor une inspiration comics, mais qui peut aussi faire penser à JoJo, série où Suzuki était réalisateur en chef.

L’opening de Vigilantes, en dépit de ses deux parties très distinctives, parvient à capturer l’univers de la série en quelques plans, le caractère latitudinal mais héroïque des protagonistes, présentés comme tel à la fin de l’opening, faisant la une du journal.

ONE PIECE

Rédaction : Clément

ONE PIECE

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Suite à la pause de sa diffusion TV, ONE PIECE fait son retour sur nos écrans en dévoilant par la même occasion un nouvel opening. Cet opening est d’autant plus spécial car Wataru Matsumi, le nouveau co-réalisateur de la série qui succède à Tatsuya Nagamine, est chargé du storyboard ainsi que de la réalisation de celui-ci.

Bien qu’il occupe pour la première fois ce nouveau poste dans le staff principal de l’adaptation du manga d’Eiichirō Oda, Wataru Matsumi est loin d’être un nom inconnu auprès des fans assidus de la licence, puisqu’il a déjà pu s’illustrer par le passé, en réalisant certains des meilleurs épisodes de la série (1051, 1101, 1112). À travers ses anciens travaux, il est raisonnable de le considérer comme un réalisateur réussissant à insuffler sa propre vision à la série, une vision qui fait ressortir d’ailleurs un intérêt marqué pour la composition de l’image.

Plans des épisodes de Wataru Matsumi
Plans des épisodes de Wataru Matsumi

L’esthétique de l’opening est naturellement influencée par les préférences de Wataru Matsumi sans dénaturer le virage pris par l’anime sur l’arc en cours. Nous ne sommes donc évidemment pas au même standard de direction artistique que l’on pouvait retrouver sur les deux openings précédents, réalisés par l’une des artistes les plus en vogue de l’industrie, Megumi Ishitani. Il faut dire qu’il est assez difficile de passer après une réalisatrice aussi talentueuse et parvenir à créer quelque chose ne serait-ce que du même niveau en termes de créativité, mais Wataru Matsumi a su néanmoins proposer un produit final très abouti.

Il est en plus de ça très bien entouré, car lorsqu’on observe les animateurs clés crédités sur l’opening, nous retrouvons une partie des talents qui porte l’adaptation comme Chris, Akihiro Ōta ou encore Shōtarō Ban, mais c’est bien Yūki Hayashi qui ouvre le bal en animant les premières secondes de l’opening. Sa manière de dessiner les mains ou les personnages peut rappeler son travail sur l’épisode spécial de ONE PIECE FAN LETTER réalisé par Megumi Ishitani. C’est sans doute à l’issue de sa participation à cet épisode spécial que Yūki Hayashi s’est retrouvé sur cet opening. Lui qui n’intervient habituellement que très peu sur la série TV, il rejoint ici une équipe où l’on retrouve plusieurs personnes ayant participé à la production de ONE PIECE FAN LETTER.

Parmi eux, Wataru Matsumi lui-même qui était l’un des assistants réalisateurs de l’épisode (演出助手), et Taisē Aoki, un assistant de production sur les deux projets mentionnés. Wataru Matsumi semble particulièrement apprécier les plans à la première personne, son opening utilise à plusieurs reprises cet angle de caméra et qui est exprimé de la plus belle des manières sur la séquence de Jack-Amin Ibrahim.

Séquence de l'opening 27 de ONE PIECE | Animation : Jack-Amin Ibrahim | Sakugabooru

Dans la continuité de cette recherche de ses habitudes de réalisation, on peut noter le fait que quelques passages de l’opening sont en format letterbox, aussi appelé format cinémascope. C’est un procédé qui a déjà pu être observé dans l’épisode 1112 de ONE PIECE dont il est responsable.

4 captures d'écran de l'épisode 1112 au format cinémascope
Épisode 1112 de ONE PIECE

L’opening prend le parti de se concentrer sur la relation de deux personnages, Kuma et Bonney, un focus compréhensible au vu des futurs événements adaptés par l’anime. Il en va sans dire que la majorité des meilleures séquences de l’opening impliquent ces personnages, et à titre personnel, le cut de Chiharu Akakura constitue ma séquence favorite de l’opening.

Ceci conclut l’analyse du premier travail de Wataru Matsumi en termes de réalisation d’opening, auquel nous avons pu constater que malgré son entrée très récente dans l’industrie, il est tout à fait capable de créer une proposition rejoignant les meilleurs openings de la série.

Je ne peux que me montrer enthousiaste à l’idée de le voir encore plus s’épanouir dans cette équipe de production maintenant qu’il occupe un rôle majeur dans cette licence.

Wind Breaker

Rédaction : Clément

Wind Breaker

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La deuxième saison de Wind Breaker nous révèle son second opening, où Ken Yamamoto est aux commandes du storyboard et de sa réalisation. C’est un artiste qui n’en est pas à son premier coup d’essai dans cet exercice et qui avait d’ailleurs réalisé son premier opening sous le même studio CloverWorks avec l’opening de la deuxième saison de The Promised Neverland.

Une carrière ayant débuté dans l’animation clé, Ken Yamamoto a réellement commencé à toucher à la réalisation après seulement six années d’activité dans l’industrie, soit en 2020 avec le MV de la chanson “Promise” par Eve. Une véritable étoile montante dans son milieu, il a récemment pu montrer toute l’étendue de son talent sur son projet le plus ambitieux jusqu’à maintenant, le film Uma Musume: Pretty Derby - Shin Jidai no Tobira, sur lequel il est positionné en tant que réalisateur, superviseur des séquences d’actions et également impliqué dans le storyboard.

Captures d'écran du film Uma Musume: Pretty Derby - Shin Jidai no Tobira
Film Uma Musume: Pretty Derby - Shin Jidai no Tobira

Maintenant que le décor est planté, nous pouvons revenir sur l’objet principal de cet article en regardant de plus près ce qu’il a pu proposer sur ce nouvel opening de Wind Breaker.

Au départ de l’opening, ces plans de travelling de la caméra traversant les décors en CG rappellent fortement le même type de séquence qu’on peut observer dans l’opening de Tomohisa Taguchi de la même série. Une simple coïncidence ou un clin d’œil volontaire ? Quoi qu’il en soit, ce genre de cadrage reste en phase avec la philosophie de l’adaptation, car elle emploie quasi systématiquement ces décors en image de synthèse lors des scènes de combats.

L’état émotionnel du protagoniste est retranscrit tout au long de l’opening, en mettant en scène une première partie utilisant des couleurs ternes traduisant la tourmente du protagoniste lorsqu’il n’est pas entouré de ses camarades. Au fur et à mesure que nous apercevons son entourage, le protagoniste parvient petit à petit à se défaire de ce qui le rongeait, et finit par réussir à s’en libérer. Une idée ayant pu être remarquablement bien exécutée par la présence de Shū Sugita, animateur clé sur ce passage.

Nous retrouvons d’ailleurs à la fin de l’opening les mêmes plans du début mais cette fois-ci avec un ton totalement différent afin de montrer explicitement les bienfaits de son entourage sur sa perception du monde.

Comparaison entre les plans du début et de la fin de l'opening
Comparaison entre les plans du début et de la fin de l'opening

Le refrain de la musique BOYZ par SixTONES a été logiquement utilisé pour dépeindre un élément central de l’œuvre, les combats. Ces séquences d’action, qui manquent parfois de mise en scène soignée dans les épisodes, sont ici très plaisantes à observer, et nous devons cette réussite au storyboard de Ken Yamamoto couplé à la présence de très bons animateurs clés dont ump, Eri Taguchi, Akito Takahashi, Kanako Higashi et bien d’autres.

Séquence de l'opening 2 de Wind Breaker | Animation : ump, KDA Artist | Sakugabooru

Taishi Kawakami, character designer de la série, propose au même titre que son travail sur les épisodes, une supervision remarquable des designs sur cet opening, et nous avons même le droit à un cut en kagenashi, une esthétique qui n’a été jusque-là que très peu observée sur la licence.

À l’issue de cette brève exploration du dernier travail de Ken Yamamoto, nous avons pu une nouvelle fois profiter de son talent en tant que réalisateur. Bien que je ne considère pas cet opening comme étant sa meilleure création, son opening de 86: Eighty Six restant un cran au-dessus selon moi, il représente tout de même un accomplissement marquant dans sa carrière.


Rédaction : LKR, Ruga, Clément
Formatage, relecture : Loïc