Review : L’Attaque des Titans – Épisode 61
Clément | Publié le |
Storyboard・Réalisateur
Daisuke Tokudo
Superviseur de l’Animation en Chef
Daisuke Niinuma
Assistant Superviseur de l’Animation en Chef
Manabu Akita
Superviseurs de l’Animation
Kaori Kishi, Dae-Yol Park
Animateurs Clés
Jason Yao, Dae-Yeol Park, Kaori Kishi, Yoshiharu Fukushima, Shōya Sakaguchi, Satomi Eda, Taiwei Lu, Gorō Taki, Toshiya Washida, Studio Arche
Introduction
Adaptation animée qui a débuté en 2013, L’Attaque des Titans peut être décrite comme une production ambitieuse qui a rencontré de nombreux défis au fil de sa production. Parmi eux, un changement total de staff principal depuis sa dernière saison.
En effet, si Tetsurō Araki était initialement le réalisateur de la première saison, il a ensuite pris la décision de se mettre légèrement en retrait en endossant le rôle de réalisateur en chef sur les deuxièmes et troisièmes saisons. Mais avec la quatrième saison, nommée Final Season, le staff principal ainsi que le studio ont subi un changement drastique. Remplaçant Araki, Yūichirō Hayashi est nommé nouveau réalisateur de L’Attaque des Titans.
Malgré une approche totalement différente quant au support original, ces deux réalisateurs possèdent bien une qualité commune : l’ambition. Cependant, ils ont tous deux dû faire face à de nombreux problèmes de production, ce qui a eu pour conséquence de restreindre leur créativité.
Il y a actuellement 87 épisodes de sortis au moment de la rédaction de cet article, et je vous propose de revenir sur l’un de mes épisodes favoris de la série. Non pas pour le contenu adapté dans ce dernier, mais bien pour sa réalisation, qui n’avait pourtant pas fait l’unanimité chez les fans lors de sa diffusion : l’épisode 61 de L’Attaque des Titans.
Un réalisateur d’épisode ambitieux
À première vue, l’épisode 61 ne paraît pas être un épisode qui nécessite beaucoup de ressources, étant donné qu’il est centré sur des dialogues, et sans aucune scène d’action présente. Pourtant, comme l’a souligné Yūsuke Tannawa (producteur 3D de la saison finale) : « c’était un épisode de conversation ennuyeux, mais il y a tellement de mouvements (rires) ».
En effet, Daisuke Tokudo, réalisateur de l’épisode, s’est montré particulièrement ambitieux comme à son habitude. En dépit de la nature de l’épisode, il n’a pas hésité à apporter un souffle nouveau à la série avec beaucoup de character acting, atout qui manquait cruellement aux premières saisons. Comme l’a également fait remarquer Yūichirō Hayashi (réalisateur de la saison finale) : « Même quand un personnage marchait normalement, il y avait tellement de mouvements différents ».
S’il y a une technique à retenir de cet épisode, c’est bien l’utilisation de la rotoscopie. On peut supposer que cette technique a été adoptée afin d’atteindre le niveau de qualité quant à la subtilité de l’acting qu’espérait Tokudo. Yūichirō Hayashi explique également que l’utilisation de la rotoscopie a été encouragée pour garder un aspect surprenant, dans le but de faire garder une sorte de dynamisme par rapport à l’épisode précédent.
Malheureusement, les craintes qu’avait Hayashi sur la réception de cette technique se sont confirmées, car la rotoscopie a fortement contribué à la mauvaise réception de cet épisode par les fans. Certes, le rendu de cette technique était loin d’être parfaitement convaincant dans l’épisode. Néanmoins, il y avait quelques séquences qui sortaient du lot avec un résultat très satisfaisant.
En résumé, cet épisode regorge de petites attentions apportées aux mouvements des personnages. Cela peut sembler inhabituel dans le modèle actuel de l’industrie, se contentant généralement du strict minimum, et en particulier avec un tel contenu à adapter.
L’une des particularités de la réalisation de Daisuke Tokudo est son utilisation de la caméra 3D. On a déjà pu constater son utilisation dans l’épisode 1 de Seraph of the End qu’il avait réalisé, et cet épisode de l’Attaque des Titans n’en échappe pas. On retrouve plusieurs fois l’utilisation de cette technique tout au long de l’épisode.
Daisuke Tokudo a opté pour une approche qui s’apparente fortement à ce que l’on peut retrouver dans le cinéma. Masato Matsunaga (producteur de l’animation sur la première partie de la saison finale) avait d’ailleurs rapporté que Daisuke Tokudo avait intégré une référence à l’un des films du réalisateur chinois Hou Hsiao-hsien sur la scène de l’arrivée à la gare de Revelio.
Au même titre que sa réalisation, son storyboard possède plusieurs plans que l’on ne retrouve pas souvent dans les codes de l’animation japonaise. Entre autres, cette longue séquence de marche entre deux personnages ou cette séquence de travelling vers Reiner.
On sent également que Daisuke Tokudo a voulu instaurer une ambiance réaliste. Shigeki Asakawa, directeur de la photographie sur la saison finale, explique qu’il avait même reçu des indications très précises, incluant plusieurs références de films live-action. Tokudo avait pour but de se rapprocher le plus possible de cette ambiance.
Il y a une scène précise de l’épisode où le réalisateur à apporté un soin particulier, qui renforce cette idée d’amener une ambiance réaliste et inhabituelle dans les anime. On retrouve sur cette scène différentes indications assez atypiques comme la volonté de montrer la chute de la pluie sur les vêtements des personnages ou encore d’utiliser la rotoscopie qui va contraster avec l’acting de manière générale dans les anime TV qui est plutôt fixe.
On peut facilement supposer que Daisuke Tokudo apporte une attention particulière à la photographie dans ses épisodes. En effet, l’épisode 61 est sans aucun doute l’un des meilleurs épisodes de la saison finale en termes de photographie, et ce fut également le cas pour l’épisode qu’il avait réalisé sur la première saison de la série.
L’une des difficultés récurrentes qu’ont pu rencontrer les différents réalisateurs d’épisode sur ce type de contenu était de maintenir une certaine dynamique dans les dialogues. En adaptant de tels épisodes, il est facile de tomber dans le piège de calquer le matériel original, résultant en une mise en scène peu ambitieuse.
L’ambition qu’a pu mettre Daisuke Tokudo sur ce genre de contenu n’avait encore jamais été réalisée ou très peu dans l’Attaque des Titans, et si son ambition a pu être aussi bien retranscrite, c’est aussi grâce à un très bon travail de supervision de l’animation.
Une supervision compliquée
Daisuke Niinuma, le superviseur de l’animation en chef, nous a fait savoir que le nombre de frames est assez similaire à l’épisode précédent. Pour rappel, il s’agissait d’un épisode très riche en action. Cela traduit assez bien l’ambition de Daisuke Tokudo et la difficulté qu’ont pu rencontrer les différents superviseurs de l’animation à maintenir une certaine homogénéité sur l’épisode.
L’implication de Daisuke Niinuma se fait ressentir tout au long de l’épisode, et en particulier dans la première moitié de ce dernier qui déborde de ses corrections.
Au même titre, on peut souligner la présence très active de Dae-Yol Park en tant que superviseur de l’animation et animateur clé, il s’est d’ailleurs occupé d’une grande partie des séquences utilisant la rotoscopie.
Il s’agit étonnamment de l’épisode avec le moins de plans de la saison finale (environ 250) mais aussi l’un des plus éprouvants pour le staff en termes de charge de travail. Cela s’explique facilement par la longévité des plans et la demande du réalisateur de l’épisode d’accentuer le mouvement des personnages.
Conclusion
En conclusion, l’épisode parvient à se hisser parmi les plus ambitieux de la série bien qu’il soit loin d’être parfait, en témoignent les critiques qu’il avait reçues lors de sa diffusion.
L’expérience de Daisuke Tokudo a encore une fois permis d’avoir une superbe réalisation, couplée à ça une supervision très active de Daisuke Niinuma et des différents superviseurs de l’animation.
Nous ne pouvons qu’espérer revoir Daisuke Tokudo sur le final de L’Attaque des Titans qui sortira dans le courant de cette année 2023.
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