Review : Chainsaw Man – Épisode 4

L’épisode 4 de Chainsaw Man est sorti ce mardi 1er Novembre 2022. Réalisé et storyboardé par Tatsuya Yoshihara, Action Director de la série, dont les compétences en tant que réalisateur sont plus que reconnues. Après plus de 3 ans sans réaliser d’épisode, il revient en s’occupant de chapitres qui ne sont pas des plus attendus. Pourtant, l’épisode été accueilli à l’unanimité. Afin de comprendre pourquoi, analysons les points forts de sa production.

Si vous ne connaissez pas le génie Tatsuya Yoshihara, dont les compétences en tant que réalisateur sont déjà saluées dans mon article sur Black Clover, un petit bond dans le temps de quelques années est nécessaire. En effet, si le jeune réalisateur est connu pour son travail de réalisateur sur Black Clover, il ne faut pas oublier qu’il a fait ses premiers pas de réalisation sur des séries à l’humour complètement démesuré. Entre autres, Monster Musume no Iru Nichijou ou Namiuchigiwa no Muromi-san, où il a toujours su jongler entre leur comédie et leur côté tragique, comme sur l’épisode 12 de Monster Musume no Iru Nichijou. Il combine donc la maîtrise d’un humour burlesque, mais aussi de combats effrenés comme sur l’épisode 63 de Black Clover.

En bref, Tatsuya Yoshihara semble être parfaitement adapté pour capturer l’essence de Tatsuki Fujimoto sur Chainsaw Man, et cet épisode le démontre avec brio. Après un court flashback sur le passé de Power doté de transitions harmonieuses, l’épisode emboîte le pas avec un storyboard d’action chaotique, faisant honneur au titre d’Action Director de Yoshihara. Et quoi de mieux pour sublimer ce storyboard que la frame modulation pour accentuer la folie de Denji, ou encore la course presque absurde de Keiichirō Watanabe qui nous offre des personnages se hurlant dessus, et même Denji glissant sur les intestins du démon, en le ligotant avec ses organes.

Animation : Keiichirō Watanabe | Sakugabooru

Si vous trouvez qu’un personnage glissant sur le sol d’une telle façon semble totalement ridicule : Vous avez probablement raison. Mais c’est précisément ce ridicule qui contribue à l’aspect chaotique de l’action de l’épisode, qui est plus que bienvenu. La séquence a fait débat, étant parfois considérée comme « ratée par le département de compositing ». Il n’en est rien : Keiichirō Watanabe est connu pour ce type de séquence. Bien sûr, il est libre à chacun de l’apprécier ou non, mais cet aspect est totalement intentionnel et fait partie de l’identité de Watanabe depuis des années.

L’épisode parvient à nous faire rire, mais aussi à nous époustoufler. En effet, l’épisode ne se contente pas de n’offrir qu’un combat burlesque : il ne nous laisse pas le temps de respirer, les coups et transitions s’enchaînent, montrant la folie de Denji mais aussi un cut en première personne et des interactions intelligentes avec l’environnement, notamment lors des cuts de Chris (Yen BM).

Animation : Yen BM (Twitter) | Sakugabooru

Ce n’est pas la première fois (et encore moins la dernière) que Tatsuya Yoshihara montre sa compréhension de l’œuvre originale, mais aussi sa créativité débordante pour donner vie et étendre un combat. Après avoir adapté la dizaine de pages de combat de la transformation d’Asta en une moitié d’épisode 63 de Black Clover, il a refait l’exploit cette fois-ci. Il est d’autant plus ironique que l’épisode avec le plus de contenu original est celui qui s’approche le plus de l’excentricité de Tatsuki Fujimoto, ce qui témoigne de la qualité de sa réalisation et de son storyboard.

Le film Black Clover étant en production, il n’est pas surprenant de ne pas voir autant d’amis de Yoshihara que d’habitude. Cependant, Isuta n’a pas manqué à l’appel, et on peut apprécier l’utilisation subtile du focus sur le premier cut, appuyé avec un très bon timing.

Animation : Isuta (Twitter) | Sakugabooru

Mais ce n’est pas la seule scène surprenante d’un point de vue de réalisation ou de storyboard, surtout dans la deuxième partie. Contrastant énormément avec la première, cette deuxième partie nous offre énormément de plans calmes et de compositions aux layouts impressionnants. Le côté « cinématique » souhaité par le Réalisateur de la série, Ryū Nakayama n’a pas disparu : il est même encore mieux amené. En particulier, la routine d’Aki a notamment un aspect contemplatif très réussi.

Plans impressionnants de l’épisode 4 de Chainsaw Man

Le compositing et les décors ne sont pas non plus à exclure : l’excellent Yūsuke Takeda a réalisé plusieurs décors exceptionnels avec le studio Bamboo, basés sur le storyboard très détaillé de Yoshihara. Un des moments forts est l’entrevue entre Aki et Makima où les vues depuis les fenêtres et les couloirs étroits donnent un sentiment un peu étouffant. Les perspectives sont impressionnantes, et les couleurs marron peu communes sont rafraîchissantes par rapport au choix de couleurs généralement bleuté de la nuit dans l’animation japonaise. Ces scènes créent un contraste fort avec les séquences d’Aki sur le balcon qui suivent, qui sont dotées de compositions, de décors et d’un compositing exceptionnels aux couleurs bleues et froides, rappelant le calme et la sérénité d’Aki.

Décors impressionnants de l’épisode 4 de Chainsaw Man

On peut remarquer que ces derniers plans aux couleurs harmonieuses rappellent le tout premier PV pré-animé, et naturellement le travail de Shingo Yamashita (Réalisateur de l’Opening). Également, plusieurs différences de compositing sont visibles entre le trailer et le rendu final de l’épisode, rendant l’atsmosphère un peu plus lumineuse et moins fade.

En tant que Superviseur de l’Animation en Chef, on peut citer le Character Designer Kazutaka Sugiyama ou encore Riki Matsūra (Animateur et Superviseur de l’Animation sur Jujutsu Kaisen 0, Fire Force) qui occupe ce poste pour la première fois avec brio. Quant à la partie action, elle est supervisée par le talentueux Yōsuke Yajima (Animateur et Superviseur de l’Animation sur Jujutsu Kaisen 0, animateur sur Haikyū!! Saison 3).

Ironiquement, c’est dans l’épisode du fervent utilisateur de Blender qu’est Yoshihara qu’aucun cut ne s’est retrouvé en 3D dans la version finale, une des préoccupations principales des spectateurs. Si quelques cuts de Yūki Yamashita (fervent utilisateur de Blender, lui aussi) utilisent une référence 3D, il ne s’agit que d’un modèle peu détaillé afin de s’en servir comme base pour les mouvements. Les poses clés des personnages seront de toute manière redessinées à la main par les Superviseurs de l’Animation. Cette méthode n’est d’ailleurs ni rare, ni inédite à Chainsaw Man.

En conclusion, l’épisode parvient à balancer l’action explosive et chaotique de la première partie avec le calme de cette deuxième (avant l’arrivée d’un élément perturbateur aux deux cornes) avec succès. L’épisode a eu une très bonne réception, peut-être la meilleure jusqu’à maintenant, grâce à l’expérience et aux compétences de Tatsuya Yoshihara aux commandes, mais aussi aux superviseurs et animateurs formidables qui y ont participé. Le staff du prochain épisode est pour l’instant inconnu, et nous ne pouvons qu’espérer un nouvel épisode rempli d’action et de créativité de Yoshihara avant la fin de cette saison.

2 commentaires

  • Super article, c’est toujours très intéressant de connaître les coulisses de nos oeuvres favorites et surtout quand les détails sont expliqués par des passionnés. Je connaissais absolument pas le blog et suis agréablement surpris 🙂

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  • Super article, malgré des premiers épisodes très bien animé mais dans lesquels on ne ressentait pas l’essence des travaux de Fujimoto, on ne peut que s’agenouiller devant le talent de Mr Yoshihara (la petite séquence de watanabe c’est toujours un plaisir)

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