Black Clover : Une production troublée qui n’a jamais abandonné
Loïc | Publié le |
Anime fleuve adapté par le Studio Pierrot de 2017 à 2021, Black Clover n’a cessé de faire parler de lui pour bien des raisons. Bien qu’ayant un staff extrêmement talentueux sur le papier, la série a souffert de nombreux problèmes de production qui ne l’ont pas empêché de bénéficier d’épisodes dont l’ambition dépasse toute raison.
Explorons ensemble la production de cet anime qui a tant abattu que fait briller des dizaines de talents, parfois inconnus.
Pré-production
La préproduction est une étape cruciale pendant laquelle de nombreux éléments sont conçus et s’assemblent comme un puzzle : Scripts, accessoires, arrière-plans… Et, surtout, un point qui nous intéresse beaucoup : les designs. L’adaptation de ceux du support original (comme un manga) doit permettre aux animateurs de les animer rapidement, et donc doit être économe en détails… Ce qui n’est pas vraiment le cas pour Black Clover.
Itsuko Takeda est la conceptrice des designs des personnages de Black Clover. Travaillant dans l’industrie de l’animation depuis une trentaine d’années, ses dessins sont très réussis, mais surtout très détaillés. C’est une chose qui se reflète également dans ses designs pour Black Clover. Cependant, chaque ligne des designs sera dessinée, puis redessinée, et ce, des centaines de fois par l’animateur, le superviseur d’animation, l’intervalliste…
Certaines personnes laissent entendre que Pierrot a favorisé Boruto face à Black Clover. Cette comparaison devrait vous permettre d’y voir un peu plus clair, au moins sur le point des designs.
Black Clover a dû prendre la suite de Twin Star Exorcists. Pour comprendre ce que cela implique, il faut se renseigner sur les producteurs du studio. Pierrot possède, comme la plupart des studios reconnus, ce que l’on appelle des lignes de production. Il s’agit d’équipes indépendantes, avec à la tête de chacune un producteur d’animation (aucun rapport avec les producteurs du comité de production !). Celui-ci est notamment chargé de réunir le staff nécessaire pour l’adaptation dont il est à la charge. Lorsqu’une série se termine, son équipe est souvent assignée à sa suite, ou à une autre série.
Pour Black Clover, ce rôle n’est tout simplement pas crédité. On peut toutefois supposer que Maiko Isogai et Naomi Komatsu, créditées en tant que productrices chez Pierrot, l’occupaient. En réalité, il s’agit de l’équipe la moins expérimentée de Pierrot. Il faut noter que Maiko Isogai tenait précédemment ce rôle sur Kingdom, et Naomi Komatsu le tenait sur Twin Star Exorcists : deux séries qui n’ont pas été très bien accueillies par le grand public. Bien sûr, dans ce genre d’adaptation, la faute entière ne revient pas à une seule personne (et ce sera aussi vérifiable pour Black Clover), mais un producteur d’animation inexpérimenté éprouvera des difficultés à trouver du staff, ce qui deviendra vite critique dans le cas d’un anime fleuve tel que Black Clover.
Mais revenons-en à Twin Star Exorcists : si l’on se renseigne sur la date de sortie du dernier épisode, on peut voir qu’il a été diffusé le 29 mars 2017, pour une sortie de Black Clover le 3 octobre 2017. Le staff a donc eu environ 6 mois pour préparer la production d’un anime fleuve qui était prévu pour une cinquantaine d’épisodes, mais qui a fini par en durer 170… Pire encore : on peut apercevoir la date de juillet 2017 sur les designs. Nous ignorons si une version inachevée a été donnée aux animateurs ou s’il s’agit bien de la dernière version, mais le fait qu’une étape aussi importante de la pré-production se soit terminée moins de 3 mois avant la sortie de l’anime est très inquiétant.
En prenant en compte le revirement soudain par le comité de production de choisir Pierrot, on peut supposer que le comité était assez impatient de sortir l’anime en octobre 2017 après l’échec de l’OVA produit par le studio Xebec un an plus tôt. En se basant sur les derniers trailers sortis, il est même probable que seuls les deux premiers épisodes avaient assez de scènes prêtes à être montrées, et le compositing de certaines n’était même pas totalement terminé. À titre de comparaison, la nouvelle adaptation de Dragon Quest: Dai no Daibouken avait à son départ une vingtaine d’épisodes déjà prêts pour la diffusion.
C’est pour ces raisons que le réalisateur, Tatsuya Yoshihara, a agi bien plus qu’il le devrait normalement. Tatsuya Yoshihara est un réalisateur très talentueux, connu pour ses nombreuses connexions dans l’industrie avec d’autres animateurs webgen. Pierrot pensant alors sûrement que ses connexions pouvaient suffire pour maintenir la qualité de la série, il a été abandonné par le studio. Tatsuya Yoshihara n’a d’ailleurs pas hésité à se plaindre du manque de staff et du traitement que la série a eu par Pierrot sur Twitter.
ぴえろ…
— 𠮷原達矢 (@o_ihs_oy) 2 mai 2018
BORUTO65話凄すぎる。社内に原画マンが沢山いて羨ましい…😭
— 𠮷原達矢 (@o_ihs_oy) 2 mai 2018
Pendant la production de plusieurs épisodes, Tatsuya Yoshihara s’est chargé de contacter lui-même des animateurs prometteurs sur Twitter, ou a publié des tweets de recrutement lorsque la situation s’annonçait critique. Il mentionnait d’ailleurs plusieurs fois la difficulté pour trouver des animateurs, superviseurs de l’animation, ou storyboarders.
最近は作監や原画だけでなくコンテ描いてくれる人もなかなか見つからない。
— 𠮷原達矢 (@o_ihs_oy) 2 mai 2018
Black Clover n’a clairement pas été pensé pour être le spectacle d’animation qu’il est devenu, et il n’y était pas vraiment pré-disposé non plus. Tatsuya Yoshihara étant le plus à même de connaître les soucis de la série, le lui reprocher reviendrait à mordre la main qui nourrit.
Production
Une mauvaise pré-production va souvent amener des problèmes voire les ancrer tout au long de la production, ce qui n’a clairement pas échappé à Black Clover. Pour bien comprendre, nous allons faire une rétrospective des épisodes importants et des évènements marquants, en commençant par les premiers épisodes.
Premiers épisodes
Malgré tout, les problèmes de pré-production cités plus haut, le premier épisode fut un véritable tour de force. Réalisé et storyboardé par Tatsuya Yoshihara, l’épisode peut se vanter d’avoir un très bon travail de photographie. De très bonnes séquences d’acting sont présents tout le long de l’épisode, la plus marquante étant sans doute celle de Takaya Sunagawa, crédité en tant qu’animateur principal de la série avec Shunji Akasaka.
L’influence de Tatsuya Yoshihara y est extrêmement présente, que ce soit au niveau de l’esthétique avec plusieurs cuts en « kagenashi » ou « zenkage » (lorsqu’un personnage est colorié sans deuxième ombrage ou lumière : voir 0:15 à 0:21 ci-dessus) mais aussi avec sa réalisation et son storyboard.
Dans l’épisode 2 (qui est presque aussi excellent que le premier), nous découvrons plus amplement les deux animateurs principaux (Takaya Sunagawa et Shunji Akasaka) avec le rôle qui leur sied le mieux : Superviseur Chef de l’Animation. Il font sans aucun doute partie des superviseurs préférés des fans, notamment grâce à leurs angles et traits gracieux ainsi que leur shading circulaire. Takaya Sunagawa a mentionné de nombreuses fois leur volonté d’honorer l’art de Yuki Tabata et ont développé un « design alternatif » pour leurs épisodes qui est plus proche des designs du mangaka. Ils travaillent constamment ensemble et supervisent les épisodes à un rythme très régulier : tous les deux ou trois épisodes en moyenne lors du début de la série.
Malheureusement, ce plaisir est plutôt de courte durée, et l’animation clé des épisodes commence déjà à être partiellement sous-traitée dès l’épisode 3. Mais c’est aussi avec le début de cet épisode que nous découvrons un des Animateurs d’Action de la série, et pas des moindres puisqu’il s’agit de l’animateur qui a le plus contribué à Black Clover avec Tatsuya Yoshihara : Isuta. Il ne fait pas de doute que l’anime lui a permis de grandir et de s’améliorer, mais c’est sans aucun doute un des animateurs qui s’est le plus surmené sur cette production avec pas moins de 26 apparitions sur les 170 épisodes de Black Clover.
Premiers balbutiements
Avec l’épisode 17, quelque chose saute aux yeux : alors que les crédits sur un épisode d’action ces dernières années sont habituellement élevés, ici, seuls 6 animateurs « in-house » sont crédités. La situation de Black Clover est différente d’un simple manque de temps : la série manque cruellement de main-d’œuvre. Il n’est donc pas rare de voir des personnages en gros plan sans aucune correction car il n’y a pas assez de superviseurs ni de temps, ou que certains animateurs animent un nombre démesuré de cuts afin d’arrondir les (difficiles) fins de mois, mais aussi de terminer l’épisode.
Le manque de staff touche même les intervallistes. Dans une production, exercer leur poste en interne leur permet d’apprendre d’animateurs talentueux et d’avoir une perspective d’évolution dans le staff en tant qu’animateur clé ou superviseur d’animation. Hélas, malgré des appels d’offre de Tatsuya Yoshihara, personne n’a jamais rejoint la production dans ce rôle après l’épisode 8. Cela force donc les intervalles à être sous-traités ou réalisés en interne par des réalisateurs ou des animateurs qui finissent par être surchargés de travail.
Après un autre épisode rempli d’action, l’épisode 35, Tatsuya Yoshihara a déclaré avoir invité une vingtaine de personnes via des messages privés sur Twitter. C’est une énième preuve de son dévouement pour la série, mais cela montre aussi les difficultés rencontrées par les producteurs pour recruter des animateurs. Le fait que le réalisateur ait à s’occuper d’autant de tâches diverses qui ne devraient pas le concerner est préoccupant, mais cela signifie aussi que ce temps passé est du temps en moins disponible pour réaliser, storyboarder et animer.
ダメ元でTwitterのDM経由で20人くらいにお誘いさせて頂いて小坂結季奈さん蓬田ひろきさんのお二人に原画として参加頂けました。奇跡でした。
— 𠮷原達矢 (@o_ihs_oy) 2 mai 2018
Sous-traitance
La sous-traitance est un processus clé pendant un anime fleuve : aucun studio ne serait capable de gérer la charge de travail totale que demande chaque épisode chaque semaine, et Black Clover est encore plus concerné de par son manque de main-d’œuvre. L’animation doit être régulièrement sous-traitée, mais aussi le travail de photographie.
Pierrot possède bien une équipe interne très qualifiée en photographie nommée Pierrot DAR, cependant, il s’agit d’une équipe assez réduite qui est déjà mobilisée sur Boruto. Il ne s’agit évidemment pas d’un choix délibéré pour privilégier Boruto, mais simplement une question de quelle série a commencé en premier. Les studios de sous-traitance de photographie qui sont prêts à accepter la charge d’un anime fleuve sont peu nombreux, et la plupart sont déjà mobilisés sur d’autres projets : Le très talentueux Asahi Production travaillait déjà sur l’intégralité des épisodes d’un autre projet de Pierrot (Akudama Drive) ainsi que One Piece un peu plus tard.
Avec l’épisode 28, l’anime perd son Production Desk pour une raison inconnue. La production de l’anime est alors dans un état déplorable, et les quelques points forts se trouvent dans des épisodes sous-traités, dont l’action est quasiment entièrement redessinée par le Superviseur de l’Action (principalement Toru Iwazawa et Isuta).
Avoir toute l’action d’un épisode sous-traité qui repose sur ses épaules est très exténuant. Les studios en question n’ayant souvent pas la main-d’œuvre ou le temps pour animer des séquences d’action, la « supervision » consiste généralement en une ré-animation presque totale des séquences. Cette situation a même amené Toru Iwazawa à ne pas être crédité sur l’épisode 33 pour sa supervision.
Malgré tout, le mot sous-traitance n’est pas à prendre avec une connotation négative à chaque fois : le studio Mouse (derrière les épisodes 4, 10, 36, 91, 128…) en est un très bon exemple. C’est d’ailleurs à cette période que le réalisateur des épisodes du studio Mouse, Ayataka Tanemura, est promu en Assistant Réalisateur afin d’aider Tatsuya Yoshihara. Animateur, réalisateur et storyboarder, il a su montrer que même des épisodes sous-traités pouvaient briller grâce à son talent et à celui de ses collègues du studio, comme le très talentueux superviseur Kosei Takahashi ou les animateurs Yusuke Kawakami et Ai Nakatani.
Comme si le destin n’avait pas assez frappé, non pas un mais deux des studios de sous-traitance habituels ont fait faillite en l’espace de quelques mois : Amo et drop. Non seulement des nouveaux studios de remplacement doivent être trouvés rapidement, mais ils doivent également travailler dans des délais encore plus courts qu’habituellement.
S’il y a bien un fait notable externe à citer qui a changé le cours de la production, c’est bien l’épisode 65 de Boruto. Il s’agit sans aucun doute de l’évènement qui a suscité la plus grande hausse d’intérêt dans le recrutement d’animateurs hors du Japon sur Twitter, et Black Clover n’y a évidemment pas échappé. Deux mois après sa sortie, l’épisode 49 sort et tend la main à cette approche : Gem et Tilfinning ouvrent la marche. Depuis, la production n’a cessé de recruter des animateurs étrangers sur Twitter, et il est impossible de ne pas évoquer l’épisode 63 en parlant de cette démarche qui mérite un article entier.
Épisode 63
Ce serait mentir de ne pas affirmer que l’épisode 63 a un aspect assez expérimental, et parfois même non terminé. Réalisé et storyboardé par Tatsuya Yoshihara, l’épisode 63 a pu attirer des animateurs de tout âge et style, et ce malgré un planning catastrophique. Allant des animateurs de TRIGGER qui étaient occupés sur GRIDMAN comme Kai Ikarashi, Shouta Sannomiya grâce aux connexions de Yusuke Kawakami, des animateurs recrutés sur Twitter dont un animateur à la peinture acrylique atypique comme Tatsuhiro Ariyoshi, ou encore des amis de longue date de Tatsuya Yoshihara. Comme un tableau peint par plusieurs pinceaux bien distincts, il est malgré tout impossible de ne pas sortir de ce visionnage indifférent. Grâce à des artistes qui ont pu délivrer leur style au maximum et une confiance absolue du réalisateur, le rendu n’est en aucun cas insipide, même si les difficultés rencontrées restent ancrées dans l’œuvre.
L’ambition de Tatsuya Yoshihara a dépassé toutes limites, et le lui en vouloir pour les difficultés de l’épisode serait contre-productif : dans les conditions dans lesquelles il a été conçu, sa simple existence est à peine croyable. L’épisode 63 marque un tournant dans la production de Black Clover, et une preuve de rébellion de ses artistes, mais surtout de son réalisateur qui n’a jamais abandonné face à ces problèmes de production, et n’a pas manqué non plus de recruter des jeunes talents sur Twitter pour faire vivre son ambition, mais aussi pour les mettre en avant.
Lueur d’espoir
Grâce à un nouvel arc tournoi majoritairement sous-traité, une amélioration constante du staff comme RIN-MI, Hiroaki Nakamichi ou HAHI (alors étudiant et de retour sur la production) mais aussi de nouveaux venus par la suite (Naoki Matsuura, Naoki Kotani, riooo…), le staff a pu se préparer pour donner le meilleur de lui-même sur ce qui deviendra sans doute la meilleure partie de l’œuvre pour les fans.
Les épisodes d’action suivants le 63 n’ont fait que suivre la directive déjà enclenchée, et grâce à des nouveaux liens noués avec des animateurs talentueux et un peu plus d’attente pour la prochaine folie créative de Tatsuya Yoshihara qu’est le 84, un futur légèrement plus radieux s’annonce pour la production. On peut citer les épisodes 84, 93, 100, qui font partie des épisodes les plus consistants de la série, et Tatsuya Yoshihara finit en beauté en réalisant l’épisode 100 qui sera sa dernière réalisation sur la série.
Malheureusement, l’épisode 100 signe également l’arrêt de la supervision de Takaya Sunagawa en tant que superviseur de l’animation, suite à des problèmes de santé. Si son style de supervision est pourtant resté jusqu’à la fin, c’est car son ami d’enfance Shunji Akasaka, qui l’accompagnait pour la supervision de chaque épisode, est quant à lui resté en assurant les supervisions d’épisodes avec d’autres personnes telles que RIN-MI.
C’est aussi à ce moment que Tatsuya Yoshihara montre une nouvelle fois tout son dévouement pour la série en enchaînant les animations clé pour les épisodes 91, 93, 100, 108 (deux séquences), 113, 115, 118 (deux séquences), 119 : 8 apparitions en tant qu’animateur clé dans moins de 30 épisodes consécutifs. Il est encore plus impressionnant de constater qu’une partie d’entre eux étaient sur des épisodes qu’il a lui-même réalisé ou storyboardé. Au total, Tatsuya Yoshihara aura animé dans pas moins de 24 épisodes, allant parfois jusqu’à faire le travail des intervalles sur ses cuts, une tâche pourtant souvent assignée à des débutants afin qu’ils s’accoutument au travail dans l’industrie, presque jugée ingrate.
Malgré tout, ces succès ne doivent pas être une raison pour croire que tous les problèmes de production sont maintenant de l’histoire ancienne. Après la sortie de l’épisode 118, première réalisation d’épisode par Isuta (partie A uniquement), accompagnée par Ayataka Tanemura (Mouse) pour la partie B, la série montre à nouveau que le surplus d’ambition reste fatal avec le manque de temps, même avec du staff talentueux. Après deux épisodes d’affilée ayant chacun une partie animée en interne, l’épisode 119 n’a pas pu égaler son niveau d’ambition. Il était difficile de manquer les tweets de désespoir du staff sur l’épisode, certains se plaignant de faire des nuits blanches ou parlaient de guerre totale au studio. Mais l’anime rattrapant son matériel original à ce moment-là, le staff a pu souffler davantage avec des arcs filler ou anime canon (arc supervisé par Yuki Tabata), même si quelques épisodes comme le 151 ou le 154 ne sont pas sans surprises.
Le bout du chemin
Avec l’épisode 153, Tatsuya Yoshihara laisse son rôle de réalisateur à Ayataka Tanemura, alors Assistant Réalisateur sur la série. Naturellement, cette nouvelle n’a pas été prise d’un très bon œil par les fans, Ayataka Tanemura n’étant pas aussi expérimenté. Toutefois, le nouveau réalisateur, alors employé du studio Mouse, délivrait toujours des épisodes d’une grande qualité. Yoshihara est resté actif en tant que Réalisateur en Chef, en assurant l’animation clé de nombreuses séquences iconiques de la série à venir. En effet, le dernier arc adapté est sans doute un des arcs avec le plus de combat à la suite. La série arrivant finalement à son terme, les épisodes importants ont pu être réalisés avec soin, non sans difficulté.
Les épisodes 148, 162 et 167 sont réalisés et storyboardés par Naoki Kotani et les épisodes 145, 158 et 166 sont réalisés et storyboardés par Naoki Matsuura, deux nouveaux venus très talentueux dans la production. Avec l’épisode 162, Tatsuya Yoshihara mentionne également lui-même que de plus en plus de personnes comme Naoki Kotani assument le rôle de réalisateur d’épisode et de storyboarder, ce qui fait écho à l’ancien tweet de Tatsuya Yoshihara, évoquant le manque des réalisateurs et de storyboarders.
162話では暴走したアスタを描きました!コンテ演出は児谷直樹さん!コンテ演出を兼任でやってくださる方が増えてとても頼もしいです。この一連のシーンに作画修正を加えて下さったのは林奈美さん(@iam_rinmi)です! #ブラッククローバー
— 𠮷原達矢 (@o_ihs_oy) 3 févr. 2021
L’adaptation animée se rapprochant trop de son matériel d’origine, le 170 donne le clap de fin de la série avec un épisode plutôt spectaculaire, entièrement storyboardé par Ayataka Tanemura qui a également réalisé toute la partie d’action de l’épisode, ainsi que les autres réalisateurs Rokou Ogiwara et Takahiro Enokida qui était autrefois assistant de production sur la série.
Parmi les superviseurs de l’épisode, RIN-MI mérite une mention spéciale : en commençant par de la seconde animation clé puis de l’animation clé, elle est très rapidement devenue l’une des meilleures superviseuses de la série et a pu épauler Shunji Akasaka sur de nombreux épisodes après le départ de Takaya Sunagawa. Vous pouvez retrouver les comparaisons des superviseurs principaux classées par personnages de Black Clover en cliquant ici.
Conclusion
Pour conclure, Black Clover est sans doute une des productions de type fleuve qui a eu le plus de problèmes, et même ses fans ne pourront le nier. Malgré tout, le staff regorge de talents incroyables comme son ex-réalisateur Tatsuya Yoshihara qui a fait de l’anime ce qu’il est aujourd’hui ou son réalisateur actuel Ayataka Tanemura, les superviseurs Takaya Sunagawa, Shunji Akasaka, Kosei Takahashi, RIN-MI et Itsuko Takeda, ainsi que les innombrables animateurs incroyables qui ont contribué sur la série. Malgré tous ses déboires, l’anime a su nous éblouir avec des spectacles d’animation qui débordent de passion dans chaque épisode important qu’un tel calendrier avec si peu de main-d’œuvre ne pourrait jamais permettre habituellement, et rien ni personne ne pourra jamais lui enlever cela.
Actuellement, un film Black Clover est en cours de production. Tout ce que l’on en sait pour l’instant, c’est qu’Ayataka Tanemura sera toujours à la réalisation, mais il ne fait pas de doute que cela sera une belle opportunité de faire finalement briller les artistes talentueux de la production, alors restreints par la sortie hebdomadaire de la série et ses problèmes inhérents.
Vous pouvez lire l’article Review : Black Clover: Sword of the Wizard King.
Quelques chiffres et anecdotes
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Contrairement à la croyance populaire, Black Clover n’était pas prévu pour être un saisonnier en 13 épisodes. Ce nombre était un simple placeholder sur le site Funimation. Ayataka Tanemura a confirmé en interview avec Crunchyroll que le premier contrat signé était de 50 épisodes, qui a ensuite été renouvelé année par année.
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Tatsuya Yoshihara était en charge d’environ 80 cuts d’animation clé dans le premier épisode, et ce sans compter ses nombreuses corrections de mouvement.
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Takaya Sunagawa considère que l’épisode 84 est son préféré de Black Clover, notamment car l’épisode avait plus de temps de production et qu’il a fini par être l’un des plus consistants de la série.
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Le cut avec l’épée de Licht, Annihilda, qui clôt l’épisode 100 a été ajouté par Tatsuya Yoshihara en référence à un célèbre plan de The Legend of Zelda: Breath of the Wild.
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L’épisode qui a nécessité le plus de dessins sur la série est le 100 avec 24 000 dessins. Il contient aussi plus de 400 cuts.
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Tatsuya Yoshihara et Ayataka Tanemura se sont chargés de l’animation clé de la transformation et du combat de Noelle dans l’épisode 108 et ont réalisé environ 70 cuts au total. Ayataka Tanemura apprenait alors la 3D et essayait de modéliser la boussole de Kivn, et a demandé de l’aide à Tatsuya Yoshihara pour la faire bouger.
3 commentaires
Incroyable document que vous nous avez livré là ! Moi qui m’intéresse à l’animation depuis l’épisode de Dante vs Asta et Yami, j’ai pu apprendre des tas de choses sur la production « miraculeuse » de l’un de mes animés préférés malgré ses nombreux déboires. En espérant si un jour je deviens animateur et que je participe à la production de la suite de l’animé de Black Clover, je me retrouve dans leur situation. 😬😭
Excellent article ! J’avais suivi de loin la production, c’est toujours intéressant ces analyses après coup.
On pourra parler dans quelques années d’une génération black clover d’animateurs disséminés à travers l’industrie.
En soi, ça commence déjà à arriver un peu ! Plein d’animateurs se sont fait connaître sur cette production (ce qui n’est pas rare lors d’une production fleuve), mais le plus intéressant c’est certainement Shota Goshozono AKA Gosso qui était sur le 63 s’est fait connaître majoritairement grâce à son travail sur le 63 avec Blender
C’est sûrement l’événement qui a un peu propulsé sa carrière et aujourd’hui il réalise des épisodes (comme le 17 de Jujutsu Kaisen ou le 21 d’Ousama Ranking qui sont fortement assistés par Blender et permettent des perspectives et d’autres expérimentations assez folles
Y’a aussi Yusuke Kawakami qui bossait exclusivement pour le studio Mouse à l’époque avant qu’il soit repéré par Yoshihara, et il est maintenant freelance et participe à des très grosses productions